mercredi 8 septembre 2010

Dictionnaire de l'Académie française. Cinquième édition ( 1798 ).


Cher lecteur, je continue aujourd'hui la présentation des éditions du Dictionnaire de l'Académie française, ici avec la cinquième édition, celle de 1798. Je remonte toujours le temps. J'ai déjà présenté la huitième édition (1932-1935), la septième (1878) et la sixième (1835). Avec celle que je présente aujourd'hui nous entrons au XVIIIe siècle, qui a vu paraître quatre éditions du Dictionnaire : celles de 1798, de 1762, de 1740 et de 1718.
L'exemplaire que je vous présente est en deux volumes de format in-quarto et c'est ce format qu'on voit toujours. Le tome premier a 768 pages et le second  776 pages, en excluant les pages "accessoires". Cette édition a  aussi été publiée en format in-folio mais on ne la voit jamais. Voici les deux pages de titres :



Voici la première page des définitions, ce que j'appelle communément la " page des A ". Il suffit de cliquer sur l'image pour la voir en gros plan, et de cliquer une seconde fois au besoin pour un très gros plan. Pour revenir, cliquez sur votre "retour de page", pas sur le "X" de votre ordinateur.

Cette cinquième édition paraît donc en 1798, sous le Directoire, alors qu'on n'est pas encore sorti de la tourmente révolutionnaire. L'Académie française avait été "supprimée, le 8 août 1793, par un décret de la Convention, et incorporée, en 1795, dans l'Institut national, sous le nom de classe de la langue et de la littérature françaises. La Restauration lui rendit l'organisation qu'elle avait eue dans l'origine." ( Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, tome premier, page 43 ). Il y a même eu une Loi qui a prévu les conditions de l'édition et de l'impression de ce dictionnaire. Elle est reproduite au début du tome premier. On y apprend, à l'article 1 que : "L'Exemplaire du Dictionnaire de l'Académie Françoise, chargé de Notes marginales et interlinéaires, actuellement déposé à la Bibliothèque du Comité d'Instruction publique, sera remis aux libraires Smits, Maradan et Compagnie, pour être rendu public après son entier achèvement". On apprend, à l'article 2 que "Lesdits Libraires prendront, avec des Gens-de-Lettres de leur choix, les arrangements nécessaires pour que le travail soit continué et achevé sans délai." Et l'article 3 ( de six ) prescrit que "L'Édition sera tirée à quinze mille Exemplaires." J'en ai un ! Voici ce texte de Loi, reproduit ainsi dans le tome premier :




Le principal intérêt de ce dictionnaire c'est le Supplément qui le termine. On y consigne les mots entrés dans le langage pendant la période révolutionnaire ou encore qui y ont gagné une nouvelle acception. On trouve donc les mots du nouveau sytème de mesure, le système métrique. Mais ce qui est troublant, c'est la lecture des mots qui témoignent de l'horreur révolutionnaire. Il y a bien sûr "guillotine" :


Cette nouvelle acception du mot "fournée" :

Et ce mot terrible, aujourd'hui oublié , "septembrisade" :

Et ce mot, "noyades" :


Je pourrais ajouter d'autres mots semblables. On sent bien que les mots sont porteurs des idées, des objets et des évènements de leur époque. Les connaître, c'est revivre un peu le passé. Dans un prochain article je donnerai les photographies des douze pages de ce Supplément. Vous pourrez les consulter à loisir.
Je note en terminant que le Discours préliminaire qui est au début du tome premier de cette édition de 1798 est de la main de Dominique-Joseph Garat ( 1749-1833 ), avocat, écrivain, professeur et un politique caméléon qui a pris la couleur de tous les régimes de son époque. Le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle dit que "ce fut Garat qui, en qualité de ministre de la justice, fut chargé de signifier au roi sa condamnation". On raconte aussi que Garat se plaignait, en route, de cette "affreuse commission". Le mot "guillotine" est bien dans ce dictionnaire de 1798 que Garat présente au début du tome premier...